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Culture juste et pratique réflexive : optimiser une réflexion et une prise de décision pour favoriser l’apprentissage

La culture juste émane de la cidynique : la science des dangers. Bien qu’elle semble éloignée du monde de l’éducation, à regarder plus en détail les sciences qui la constituent, nous retrouvons la psychologie. Elle s’appuie en particulier sur les riches travaux portant sur la production des erreurs, mais aussi sur la prise de décision. Dans ce sens, elle nous offre un support particulièrement prolifique au développement de la pratique réflexive. La question de la production d’erreurs chez l’humain a questionné le monde de la psychologie quasiment depuis la fondation de cette discipline scientifique tant au travers des illusions que des lapsus (Braunstein, 1999; Lecadet & Mehanna, 2006). À la fin du 20e siècle, cette question est revenue en force dans la littérature dans le sillage travaux de Reason (1990), mais aussi dans celui du développement de la théorie des biais cognitifs initiée par Tversky et Kahneman (1974). Ces derniers auteurs nous apportent des réflexions enrichissantes sur le fonctionnement de la prise de décisions. Dans ce projet, nous voulons implémenter les apports de ces courants théoriques dans les activités liées à la pratique réflexive. Nous définirons dans la suite succinctement la culture juste et les biais cognitifs dans la prise de décision.
Au sein d’une entreprise ou d’une institution qui promeut la culture juste, nous retrouvons l’acceptation et la reconnaissance du droit à l’erreur de la part de ses collaborateurs. Ils ne sont pas punis pour leurs actes, omissions et décisions lorsqu’ils agissent dans leur cadre. Cependant, les négligences, les manquements et les dégradations ne sont pas tolérés. Dans la culture juste, nous allons privilégier l’analyse des écarts à la norme plus que la recherche de coupables qui ont occasionné l’incident ou l’accident (Reason, 1990, 1998). Cette analyse se veut systémique, car à l’exception des cas de sabotages, les raisons de l’erreur sont plus souvent multiples et non uniques (Barras & Ghiringhelli, 2022; Barras & Mauron, 2021). La finalité de la culture juste est l’amélioration en continu des processus. Elle participe ainsi à l’apprentissage par l’expérience.
En thématisant l’erreur chez l’humain et plus largement dans l’entreprise ou l’institution, Reason (1990) met au centre de son questionnement les processus cognitifs à l’œuvre lors de la prise de décision. Kahneman (2012) développe un modèle comprenant deux systèmes de prise de décision. Le premier est rapide et s’appuie sur des inférences, mais il est sujet à des biais et produit des erreurs systématiques. Le deuxième est analytique et structuré mais lent. L’information reçue est traitée de manière hypothético-déductive. Houdé (2019) ajoute à ces deux systèmes un troisième, celui de l’inhibition. Cette dernière permet de faciliter le passage du système 1 au système 2 et réciproquement, selon la situation et les besoins.
Ce survol théorique rapide permet déjà d’envisager des liens avec la pratique enseignante. En effet, il semble judicieux de reprendre les développements de la cidynique dans l’enseignement tant pour la préparation, la pratique et l’analyse de l’activité enseignante, mais aussi aux niveaux micro- méso- et macro-institutionnel. Ces apports devraient nous proposer des guides dans les processus de prise de décisions.
Period
31/03/2023 -

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